lundi 22 décembre 2014

Savoir qu'on a fait les bons choix

J’ai eu ce week end une de mes meilleurs amies au téléphone. De celles que je connais depuis plus de dix ans, de celles que j’ai connues bien avant d’avoir des enfants, et de celles qui ont une pile de dossiers inavouables sur la jeune femme que j’étais à l’époque.

Elle a un parcours plutôt atypique. Elle voyage 80% de l’année, part souvent en missions humanitaires et se lance dans des projets qui peuvent paraître complètement fous. Je la vois donc assez peu ces derniers temps et elle me manque.

Nous avons eu une jeunesse assez similaire, mais notre vie d’adulte est radicalement différente.

Je suis celle qui est en CDI depuis 8 ans, et toujours dans la même boite, celle qui est avec le même homme depuis 10 ans, celle qui a fait 2 enfants, celle qui a acheté une maison, celle qui a un lave vaisselle, bref, je suis un peu la « tradi » de notre binôme.

Quand elle est en France, elle va de CDD en CDD, elle a quitté son homme au bout de 6 ans de vie commune, sur un coup de tête et enchaîne les relations plus ou moins stables (surtout moins d’ailleurs, je ferai un jour un billet sur les nanas qui sont de véritables aimants à connards), n’a pas froid aux yeux, peut partir au bout du monde du jour au lendemain parce qu’une asso lui propose une mission au fin fond du Sénégal. C’est donc l’aventurière par excellence.

Sa vie me faisait un peu rêver, sans que pour autant je ne sois déçue, ou blasée de la mienne.

Quand j’ai eu son appel, ca m’a fait un bien fou. Entendre sa voix (parce que les conversations via FaceBook, c’est quand même pas tout à fait pareil).

Et là, elle me raconte. La difficulté de la dernière année, dans un pays étranger, dont elle a du apprendre la langue et les coutumes en très peu de temps. La difficulté d’elle a eu à vivre dans un pays où les femmes ne sont considérées que comme une sous-catégorie. La relation avec ce type malsain qui l’a littéralement brisée, physiquement et moralement. Elle m’a raconté la violence des mots, la violence des coups. Elle qui habituellement se drape dans ses principes d’égalité, entre les hommes et les femmes, entre les Hommes tout court, est ressortie complètement démolie. Après ce retour en France, elle avait pour projet de repartir là-bas, pour finir ce qu’elle avait commencé. Elle en est incapable, et j’ai tout fait, je fais tout, pour la retenir, pour ne pas qu’elle retourne dans cette galère. Je lui ai dit que ce n’était pas un échec, mais une expérience dont elle se souviendra toute sa vie.

Autant dire que quand elle m’a dit : « Rends toi compte, j’ai 33 ans, je n’ai rien construit. Ni couple, ni famille, ni rien de matériel. La chose que je possède et qui a le plus de valeur, c’est mes skis! ». Au-delà de toute considération matérialiste liée aux skis, ca m’a fait froid dans le dos.

Je sais que le modèle de vie que j’ai construit n’est pas celui dont rêve tout le monde et qu’il en existe autant que de personnalités.
Elle m’a clairement dit qu’aujourd’hui, cela ne lui manquait pas de ne pas avoir d’enfant et de famille à elle, mais que demain, si l’envie lui prenait, elle aurait tout à recommencer.
Trouver un type gentil qui l’accompagne et qui l’accepte comme elle est (au vu de ce qu’elle vient de traverser, le type à intérêt d’être très très gentil et très très patient…), avoir l’envie de se lancer dans l’aventure, de construire quelque chose.

Alors non, elle n’est pas périmée, mais ca l’angoisse.

Je la rassure comme je peux, avec mes mots, mais j’ai parfois du mal à les trouver tant  nos choix de vie sont diamétralement opposés. Et je l’aime tellement ma copine, que je suis mal qu’elle soit mal.

Après avoir raccroché, je vois mes Loustics, leur père, et notre vie.
Et là, je me dis que même si tout n’est pas parfait, si on crie, si la maison n’est pas rangée, si mon travail n’est pas celui que je souhaite faire encore longtemps, si on a des cernes sous les yeux, je sais que j’ai fait les bons choix. Et que je n’ai aucun regret.





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